Notre patrimoine fortifié

Terre frontalière donc terre de passages souvent convoitée, l’Avesnois a été au cœur des grands conflits qui ont émaillé l’histoire de France. La protection des hommes et des frontières a toujours été une préoccupation au fil des siècles, les méthodes pour y parvenir ayant changé en fonction des évolutions des armes utilisées ou des techniques d’assiégement. Que de changements entre la forteresse médiévale et la citadelle à fortifications bastionnées. Toutefois, si les seigneurs devaient la protection à leurs sujets, ces derniers élaborèrent également des solutions de repli à des fins défensives, multipliant les éléments de fortification sur les édifices religieux. Le recul des frontières et le retour à la paix furent néfastes à la conservation des châteaux et des fortifications. Malgré tout, l’Avesnois possède encore un riche patrimoine dont certains éléments contribuent à la renommée de ce territoire.

 

Les édifices médiévaux

Rendus obsolètes par l’évolution des techniques de fortifications ou détruits lors d’un conflit, les édifices médiévaux sont rares en Avesnois. Ainsi, très peu de mottes féodales et de châteaux antérieurs à la Renaissance subsistent encore. Seules des vestiges épars sont visibles dans le paysage, relatant une histoire à ceux qui savent où regarder.

 

La motte castrale

La motte castrale désigne un tertre surmonté d’une tour de guet, entouré d’une palissade et de fossés parfois mis en eau. À cet ensemble sont adjoints des bâtiments de fonction (écurie, étable, forge), un logis pour le seigneur et une chapelle. Ce type de construction se répand en Europe à partir de l’an 800 et est employé durant plusieurs siècles pour sa facilité de construction et ses bonnes performances défensives.

L’ensemble est le plus souvent érigé en bois, de ce fait, peu de vestiges sont encore visibles de nos jours hormis la motte de terre. C’est le cas dans la commune d’Ors où se trouvait la Malmaison, était jadis occupée par un vaste château dont aucun vestige ne subsiste en élévation. À Sepmeries une motte castrale du Xe siècle est toujours visible et à Robersart, la motte du XIIe siècle accueille à présent l’église du village.

 

Le château fort

Le château fort est une structure fortifiée, plus ou moins vaste, appartenant à un seigneur. Ce type d’édifice, constitué de bois ou de pierre, apparaît au Xe siècle et prospère durant tout le Moyen Âge. Le château comprend des fonctions défensive, résidentielle, politique et agraire. L’architecture de ces édifices varie jusqu’au XIIIe siècle où le roi de France, Philippe Auguste, instaure un standard avec tours circulaires multiples et donjon.

Sur notre territoire, la commune de Beaurieux a conservé la forteresse de son château du XIVe siècle comprenant des fenêtres XVe siècle, le reste de l’édifice étant reconstruit au XVIIe siècle. Le château de La Rametz à Saint-Waast-la-Vallée est également un bon exemple puisque malgré une rénovation importante au XVIIIe siècle, il possède encore les structures clefs d’un château fort du Moyen Âge : sa forme quadrilatère flanqué de tours à chaque angle, ses fossés en eau et le fait que le centre de la bâtisse est dominé par l’ancienne tour donjon.

 

La maison forte

La maison forte est comme son nom l’indique une maison fortifiée. Ce type d’édifice apparaît au XIIe siècle et se multiplie largement jusqu’à la fin du Moyen Âge. Ces maisons peuvent appartenir à des familles de grands seigneurs en tant que maison familiale ou secondaire, ou bien être une résidence principale de petit seigneur. Elle possède les mêmes fonctions que le château fort, cependant elles varient selon le rang des propriétaires. Leurs architectures s’inspirent des châteaux forts sans pour autant rivaliser avec eux pour des raisons financière, symbolique et éthique, puisqu’un seigneur vassal ne peut rivaliser avec le château de son suzerain sous peine de recevoir une sanction. Une maison forte est par conséquent fortifiée, cependant, elle ne permet pas de résister aux assauts de l’ennemi plus de quelques heures.

La maison forte de Potelle, connue aujourd’hui sous le nom de château, est un rare exemple de ce à quoi devait ressembler les édifices médiévaux de l’Avesnois. Construite au XIIIe siècle dans la vallée de la Rhonelle, elle est toujours entourée de douves alimentées par plusieurs sources. L’édifice se singularise par son entrée flanquée de deux tours nommé « châtelet d’entrée ». Les quelques transformations et destructions ayant eu cours, n’ont que très peu porté atteinte à son intégrité. Hormis Potelle, des vestiges de ce type de constructions sont visibles sur le territoire notamment à Recquignies et à Elesmes.

 

Évolution de la fortification

 

Les châteaux

Le XIVe siècle voit fleurir des châteaux d’apparats ou de plaisances au détriment des fortifiés. La raison en est simple, la révolution technologique de la poudre à canon a rendu obsolète et fastidieuse toute fortification. A cet effet, là où les grands seigneurs délaissent leurs châteaux encombrants et démodés, les petits seigneurs locaux, conservent leurs vieilles pierres, les restaure, les aménage, les réinvente… L’architecture délaisse peu à peu les tours et les murs épais au profit d’un « plan en U » et de grandes fenêtres. Les aménagements de plus en plus ostentatoires et suivant les préceptes de la mode, feront des châteaux, la vitrine du porte-monnaie de leurs propriétaires.

Ce type d’évolution se rencontre au château de Bérelles. En effet, la seigneurie existe depuis 1100, toutefois le château fut reconstruit à de nombreuses reprises, résultant aujourd’hui d’un édifice aux fondations XVIe et aux élévations XVIIe et XIXe siècles. Le château de Mecquignies reprend ce principe, construit au XVe puis reconstruit en totalité aux XVIIIe et XIXe siècles.

Enfin, des châteaux de bourgeois apparaissent à partir du XVIIIe siècle à l’image du château de la famille de Mérode à Trélon, le château d’Eth ou de Gussignies. Construction dite ex nihilo, ces châteaux sont édifiés sur des emplacements vierges et s’imposent dans le paysage par leur grandeur et leur majesté.

 

Les églises fortifiées

À l’instar de nombreuses zones frontalières souvent envahies, l’Avesnois a connu un mouvement de fortifications des églises dont quelques édifices ont conservé, jusqu’à nos jours, des éléments bien visibles. En effet, l’église était, dans la plupart des villages, le seul édifice conçu en maçonnerie alors que l’habitat, en bois, torchis et couvert de chaume, n’offrait qu’une protection dérisoire. L’église était donc un refuge idéal pour servir d’abri aux populations menacées. La fortification des églises remonte aux XVIe et XVIIe siècles.

Les églises de Féron, Floyon, Fontaine-au-Bois, Gommegnies, Neuville-en-Avesnois et Pommereuil offrent des éléments significatifs. Si à Neuville-en-Avesnois, l’église est pourvue d’échauguettes sur deux angles, à Féron, Floyon et Fontaine-au-Bois, c’est le clocher qui s’apparente plus à une tour fortifiée d’allure relativement massive.

Divers documents ou représentations anciennes montrent que de nombreuses autres églises possédaient jadis des parties fortifiées. Mais plus que l’église, c’est parfois le cimetière qui était entouré d’une fortification. Près de l’église de Forest-en-Cambrésis, une tour rappelle cette période.

 

Les villes fortifiées

Terre frontalière, le Hainaut se situe au cœur d’enjeux politiques et économiques poussant les villes à se protéger par une ceinture de fortifications. Peu de vestiges des enceintes médiévales subsistent de nos jours si ce n’est au Quesnoy, les vestiges étant désormais inclus dans l’enceinte bastionnée.

Le rattachement du Hainaut à la couronne française fut le point de départ d’une mise en défense de la frontière par l’établissement de deux lignes de villes fortifiées, le « Pré Carré » de Vauban portant le nom de l’ingénieur qui en était l’instigateur. Le Quesnoy et Maubeuge appartiennent à la première ligne alors qu’Avesnes-sur-Helpe et Landrecies se trouvent sur la deuxième ligne. La création du « Pré Carré » a des conséquences importantes sur la physionomie de ces villes par la mise en place d’une ceinture de fortifications composée de multiples ouvrages militaires dont le bastion, construction pentagonale multipliant les angles de tir, était la principale innovation. Demi-lune, ouvrage à cornes, bastion détaché… Autant d’éléments qui s’intègrent dans un dispositif plus vaste que l’on peut encore découvrir en parcourant le circuit de découverte des remparts du Quesnoy, cette ville ayant échappé au démantèlement de sa ceinture fortifiée.

Des vestiges significatifs sont également visibles à Avesnes-sur-Helpe et Maubeuge alors qu’à Landrecies, seuls quelques éléments de courtines et casernes, qu’un itinéraire d’interprétation du patrimoine permet de découvrir, subsistent en élévation.

 

Parc naturel régional de l’Avesnois

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