Notre patrimoine artisanal et industriel

L’abondance et la diversité des ressources naturelles ont été deux facteurs déterminants dans le développement d’une multitude d’activités artisanales et industrielles en Avesnois. Parmi ces ressources, l’eau a fourni l’énergie motrice primordiale pour permettre l’essor de la plupart de ces activités. La richesse du patrimoine artisanal et industriel du territoire s’explique par cette conjoncture favorable. Une prise de conscience précoce a permis de préserver de nombreux témoins de ce passé à découvrir lors d’une promenade en Avesnois.

 

La force motrice de l’eau : les moulins

Dès le Moyen Âge, le dense réseau hydrographique de l’Avesnois a été favorable à l’exploitation de la force motrice de l’eau. Le moulin fut ainsi la source d’énergie complémentaire à l’énergie humaine. Jusqu’à la Révolution, le moulin appartient à un seigneur ecclésiastique ou laïc qui contraint ceux sous sa dépendance à venir moudre chez lui. La présence de moulins dans les enceintes des abbayes de Liessies et Maroilles témoigne de cet usage. Les moulins de Grand-Fayt et Taisnières-en-Thiérache sont d’autres exemples représentatifs des constructions de l’Ancien Régime. De nombreux moulins furent construits ou agrandis durant le XIXe siècle, le moulin d’Obrechies étant représentatif de ces évolutions qui donneront naissance aux minoteries, l’activité meunière devenant industrielle.

Si la transformation du grain en farine était l’activité principale dans la plupart des moulins, la force motrice de l’eau était également utilisée pour d’autres usages en lien notamment avec le textile, la transformation du bois, la métallurgie ou encore les activités liées au travail de la pierre et du marbre, la reconversion d’une activité à une autre étant fréquente.

Le bois

Secteur le plus boisé de l’ex-région Nord-Pas-de-Calais, l’Avesnois possède un dense couvert forestier qui fut exploité à des fins diverses. L’exploitation du bois constitue le socle de nombreuses activités : le charbon de bois était utilisé dans l’industrie du verre ou à la réduction du minerai brut de fer. En lisière de la forêt de Mormal, l’exploitation du bois a donné naissance à un artisanat très varié : saboterie à Hecq, Gommegnies, Mecquignies et Obies, scieries à Bousies et Gommegnies, commerces du bois à Englefontaine ou boissellerie à Preux-au-Bois. La boissellerie, terme désignant la fabrication d’objets utilitaires ou de fantaisies, fit la réputation de la commune de Felleries. La collection du musée des Bois-Jolis présente la richesse de cet artisanat souvent issu de petits ateliers familiaux.

Le verre

L’abondance des ressources forestières et la présence de sable de qualité sont les éléments indispensables pour la fabrication du verre. L’Est de l’Avesnois offre les conditions propices à l’industrie verrière, notamment autour de Fourmies et Sars-Poteries. Deux sites permettent de découvrir la richesse et l’originalité des productions avesnoises : la verrerie Parant à Trélon et le musée du verre à Sars-Poteries. L’atelier-musée du verre de Trélon (AMT) s’est installé dans l’ancienne verrerie Parant dont l’essentiel des installations a été conservé notamment les fours à pots. Le musée du Verre de Sars-Poteries permet de découvrir les productions locales tout en étant ouvert à la création contemporaine montrant que l’activité verrière reste vivante en Avesnois.

La terre

L’exploitation de gisements d’argile a également été importante en Avesnois. La terre fut d’abord utilisée pour la construction, le torchis puis la brique marquant de leur présence le paysage bâti. Plusieurs tuileries existaient également sur le territoire du Parc naturel régional.  

La poterie se développa dans plusieurs communes favorisant l’émergence de centres potiers spécialisés. Ainsi, la commune d’Englefontaine, où se trouvaient des gisements d’argile au grain fin et de couleurs variées, fut renommée pour ses productions de carreaux et tuiles. Les communes de Ferrière-la-Petite et Sars-Poteries étaient réputées pour la fabrication des grès salés. Le musée de la cour des potiers de Ferrière-la-Petite retrace l’histoire de l’activité potière de la commune autour d’un rare et remarquable four-bouteille.

Étant un matériau durable et local, la terre revient au gout du jour dans les constructions contemporaines. En effet, durant l’été 2022 un projet d’édification d’une école maternelle en briques crues à vue le jour dans la commune de Gommegnies. Autour d’un chantier participatif ouvert aux habitants, chacun pouvait avoir la chance de confectionner l’une des 3500 briques de terre crue nécessaire à la construction.

La pierre bleue

L’exploitation de la pierre est un élément caractéristique du territoire du Parc naturel régional de l’Avesnois. La pierre bleue participe à l’identité du territoire se retrouvant tant dans le patrimoine bâti monumental que dans l’habitat. Si la pierre bleue fut exploitée sur divers secteurs, trois pôles se distinguent plus particulièrement : la Thiérache, la Fagne de Trélon et le Bavaisis où plusieurs carrières et centres de taille sont toujours en activité. Le musée du marbre et de la pierre bleue de Bellignies offre un panorama de l’histoire géologique de l’Avesnois. Les marbres furent également exploités en Avesnois notamment autour de Cousolre.

Aujourd’hui les grands sites carriers de l’Avesnois travaillent en partenariat avec le Parc naturel régional en faveur d’une meilleure intégration écologique et paysagère de leurs activités. Cela se traduit par un accompagnement spécifique à chaque site carrier, une amélioration fonctionnelle des abords des sites et une sensibilisation des riverains sur les activités pratiquées.

Deux circuits permettent la découverte de ces activités à Wallers-en-Fagne et dans le Bavaisis.

Gussignies_la_vallee_du_marbre (Bettrechies, Bellignies, Gussignies)

Le_sentier_de_la_pierre_bleue_Wallers-Trelon (Wallers-Trélon ou Wallers en Fagne)

Plus d’informations sur la pierre bleue. (renvoi à une page internet au PNRA sur l’artisanat de la pierre bleue)

Les activités textiles

Le territoire de l’Avesnois comprend deux secteurs qui ont connu une importante activité textile qui a laissé des traces dans le bâti : la région de Fourmies et le plateau quercitain. Le textile venait souvent en complément des activités agricoles. Ainsi, si l’on travaillait aux champs en été, on tissait en hiver dans les caves, le tissage du coton et du lin nécessitant une atmosphère humide. Autour du Quesnoy, le soubassement des maisons comprend fréquemment des « blocures » qui servaient à apporter de la lumière dans ces caves. D’artisanat, le textile s’est mué en industrie au cours du XIXe siècle. Plusieurs communes témoignent de cet essor, l’exemple le plus marquant étant Fourmies dont la population passa de 2000 à 15 000 habitants entre 1830 et 1880. L’écomusée de Fourmies permet d’appréhender la production textile de l’Avesnois au sein d’un ensemble industriel préservé.

Les brasseries et malteries

La malterie est le lieu de production du malt (où les céréales germent et sont ensuite séchés) alors que la brasserie est le lieu où l’on fabrique la bière. Les deux étant intimement lié, il était courant, au XIXe et XXe siècles, de rencontrer des établissements ayant la double fonction « brasseries-malteries ». En 1891, la France compte 2 732 brasseries dont 1 134 se situent dans le département du Nord. Ce nombre s’effondre entre 1927 et 1960, avec le changement des habitudes de consommation qui privilégie le vin et les alcools d’importation. Les seules institutions restantes, produisent une bière de moins bonne qualité car peu dense et peu alcoolisée.

Ces établissements sont toujours installés à proximité d’eau, d’une voie de communication et en cœur de village. Leur agencement est régulier : le sous-sol est dédié au stockage, le rez-de-chaussée à la machine à vapeur, le premier, à la salle de brassage avec ses cuves et ses appareils de refroidissement, et enfin, le dernier étage, accueille les réservoirs d’eau et les réserves de malt. En Avesnois, il est également possible de rencontrer le type particulier des ferme-brasseries, mêlant ainsi les activités agricoles avec les brassicoles.

D’après l’inventaire générale, Brasseries et malteries Nord-Pas-de-Calais, Lille, La voix du Nord, 2000.

Les activités de production et de transformation du lait

Les terres marneuses des territoires de la Thiérache et la Fagne de Trélon, impropres à la culture intensive, ont développé l’activité herbagère au début du XIXe siècle. Ces herbages protégés du vent par des haies forment une identité paysagère forte, puisqu’aujourd’hui le bocage représente 80% de ces territoires. Sur ces terres, l’industrie laitière prédomine au cœur d’un système dit « laitier-herbager ». C’est à partir de 1890 que de nombreuses laiteries industrielles voient le jour, puis, dans les années 1950-1960, dues à des crises économiques ou à des spécialisations dans la fabrication de fromage ou de beurre, les laiteries ferment peu à peu. Il nous reste aujourd’hui de nombreuses laiteries désaffectées ou reconverties comme à Sains-du-Nord, Ohain, Eppe-Sauvage et Dompierre-sur-Helpe. Seule la laiterie du Petit-Fayt persiste en Avesnois.

En parlant de fromage, il ne faudrait pas oublier que l’Avesnois à vue naître le célèbre Maroilles. Considéré comme le roi des fromages du Nord, c’est un fromage de lait de vache à pâte molle et à la croûte orangée. Il tient sont nom de l’abbaye de Maroilles où il fut inventé par un moine au Xe siècle. Aujourd’hui, il est fabriqué dans le territoire de la Thiérache qui est une zone d’appellation contrôlée, à cheval entre les départements du Nord et de l’Aisne. Sa production à lieu dans une cave humide où il est affiné pendant 3 à 5 semaines durant lesquelles il est lavé à l’eau salée et brossé. En 1955, le Maroilles est labellisé AOC ‘Appellation d’Origine Contrôlée’ puis en 1996 AOP ‘Appellation d’Origine Protégée’.

 

Parc naturel régional de l’Avesnois

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